Dans le riche tissu de l’histoire ivoirienne, les récits des hommes ont souvent éclipsé ceux des femmes. Pourtant, derrière chaque grande nation se cachent des femmes visionnaires, intrépides et déterminées qui ont façonné le cours de l’histoire. Dans cet article, nous mettrons en lumière cinq de ces figures emblématiques qui ont laissé une empreinte indélébile sur la Côte d’Ivoire. Leurs exploits, leurs sacrifices et leur dévouement méritent d’être célébrés et honorés, car ils sont non seulement des exemples de leadership exceptionnel, mais aussi des piliers fondamentaux de l’identité nationale ivoirienne.

Anne-Marie THOMAS RAGGI, Jeanne GERVAIS, Jacqueline Lohoues OBLE , Yasmina OUEGNIN en passant par Le Capitaine Laurence Adjoua AKA, voici 5 femmes qui ont marqué l’histoire du leadership féminin en Côte d’Ivoire.

ANNE-MARIE THOMAS RAGGI : l’Amazone de la grande marche de Grand Bassam

Née le 08 octobre 1918 à Lauzoua, Anne-Marie THOMAS RAGGI est un symbole ivoirien de la lutte anticoloniale. Elle fut l’une des leaders de la grande marche de Grand Bassam. Cette marche a eu pour but d’exiger la libération des personnalités politiques ivoiriens emprisonnés par les autorités coloniales françaises sans jugement. Anne-Marie Raggi avec d’autres femmes déterminées dont Marie Koré, a fait preuve d’un grand leadership à travers la conduite du mouvement de contestation des femmes de Côte d’Ivoire. Ces amazones ont effectué le tronçon Abidjan-Grand-Bassam à pied pour la plupart du 22 au 24 décembre 1949. Le courage remarquable qu’elles ont eu en affrontant à mains nues les autorités militaires armées s’est inscrit dans l’historique nationale et symbolise désormais les capacités de résistance des femmes du pays. Le pont reliant le quartier français au reste de la ville a été baptisé “Pont de la Victoire” en hommage à ces braves femmes. Anne-Marie RAGGI fut par la suite membre du conseil économique et social de 1979 à 2000 et a exercé les fonctions d’adjointe au maire de Grand-Bassam1980 à 1985. Elle a glané plusieurs distinctions pour ses actions tout au long de sa vie. Elle a été faite Officier de l’Ordre nationale de Côte d’Ivoire. Anne-Marie RAGGI décéda à 86 ans le 19 octobre 2004.

JEANNE GERVAIS : la première femme Ministre de Côte d’Ivoire

Jeanne GERVAIS née Jeanne Ahou SIEFER-N’DRI le 06 juin 1922, a participé à la marche des femmes sur Grand-Bassam en décembre 1946. Elle est l’une des trois premières élues de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire indépendante. Elle est restée Députée de 1965 à 1980. Néanmoins, en 1976, elle est nommée Ministre par le Président Félix Houphouet-Boigny. Sa nomination fut de la Côte d’Ivoire l’un des premiers pays subsahariens à avoir une femme dans son Gouvernement. Jeanne GERVAIS a été Ministre chargée de la condition féminine jusqu’en 1983. Cette vaillante dame est également la première Présidente de l’Association des Femmes Ivoiriennes (AFI). Elle resta une militante très active du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire jusqu’à sa mort, le 12 décembre 2012, à l’âge de 90 ans.

JACQUELINE OBLE : La référence des premières fois

Née en 1951, après son doctorat en droit obtenu avec la mention très honorable en 1982, elle participe en novembre 1983 au premier concours de droit, de sciences économiques et de gestion du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES) à Abidjan en Côte d’Ivoire. A l’issue de ce concours, elle devient ainsi la première femme agrégée en droit privé de l’Afrique. Après son agrégation, elle enseigne à la faculté de droit d’Abidjan en que Maître de conférence. Trois années plus tard, elle devient le premier Professeur Titulaire en Droit. Elle se présente aux élections législatives de 1995 et est élue Maire de la Commune d’Abobo. Elle se présente lors des élections présidentielles en Côte d’Ivoire en 2010, et devient la première femme candidate à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Elle a été faite en 2014 Commandeur dans l’Ordre nationale de la République de Côte d’Ivoire.

YASMINA OUEGNIN : La première plus jeune Députée de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire

Frédérique Lucienne Yasmina OUEGNIN vit le jour le 08 juin 1979 à Boulogne-Billancourt en France. Yasmina OUEGNIN est une femme politique ivoirienne de renom et fondatrice, directrice d’une société de courtage.

En décembre 2011, elle remporte les élections législatives et devient par la même occasion la plus jeune membre à siéger à l’Assemblée Nationale en tant que Député de la Circonscription de Cocody, dans le District d’Abidjan. Après sa réélection en 2016, elle crée le groupe parlementaire ” Vox Populi ” dont elle a assuré la Vice-Présidence. De nouveau réélue sous la bannière du PDCI-RDA en 2021, elle demeure Député de Cocody jusqu’à la fin du quinquennat en cours.

Sa vie associative dynamique et fructueuse lui a permis par ailleurs d’être récipiendaire de plusieurs récompenses et distinctions tels que le titre de “Commandeur dans l’Ordre du Mérite de la Solidarité nationale en 2019”, la Palme de l’Excellence au Féminin en 2012 du Ministère de la famille, de la femme et de l’enfant ainsi que du prix Afrique Femmes Initiatives Positive “Blamo’o” en 2019.

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LAURENCE ADJOUA AKA : La première femme Commando-Gendarme de Côte d’Ivoire

L’Officier de gendarmerie nationale, le capitaine Laurence Adjoua AKA devient le vendredi 13 décembre 2019 la première femme commando de ce corps destinée à porter le béret rouge de l’Armée ivoirienne à la caserne d’Agban. Cette titulaire d’une maitrise en Droit, obtenue en 2013 à l’Université Félix Houphouët- Boigny d’Abidjan -Cocody a démontré qu’avec l’abnégation, qu’il est possible d’atteindre tous ses objectifs, même ceux qui paraissent hors de porté. Cette brillante femme de droit est sortie la tête haute du concours d’entrée et des trois mois et deux semaines de formation à l’école de gendarmerie de Toroguhé. Elle fut ainsi, la seule femme parmi les 377 Commandos Gendarmes de sa promotion.

“Vigoureuse, débordante d’énergie et avec un fighting spirit d’un Commando, l’officier Laurence Aka a su braver tous les aléas et les obstacles qui jalonnent le parcours de la formation de ce corps d’élite”

Lieutenant-Colonel Joseph Akassi MANDOU, Commandant de l’école de gendarmerie de Toroguhé

Notre amazone de la Gendarmerie Nationale porte désormais le grade de Capitaine de gendarmerie. Elle est la preuve que lorsqu’on fait confiance aux femmes, elles excellent.

En revisitant les histoires inspirantes de ces cinq femmes remarquables, nous réalisons que leur héritage transcende les frontières du temps et continue d’inspirer les générations actuelles et futures. Leur détermination, leur courage et leur ingéniosité ont pavé la voie vers un avenir meilleur pour la Côte d’Ivoire. Alors que nous honorons ces femmes, rappelons-nous que l’histoire ne se limite pas aux récits des grands hommes, mais englobe également les contributions essentielles des femmes qui ont joué un rôle crucial dans la construction et l’évolution de notre nation.

Par Andrée – Danielle Ebrotie