Dans une quête perpétuelle de désir et de satisfaction, certaines femmes se tournent vers une pratique controversée : l’introduction de poudre de Tabac dans leur sexe, dans l’espoir d’augmenter leur plaisir sexuel ou de pallier à l’infertilité.
Cette substance, généralement vendue à 100 FCFA, est fabriquée à partir de feuilles de tabac et de produits chimiques comme la soude. Pourtant, derrière ce geste en apparence anodin se cachent des risques insoupçonnés. Cette poudre toxique pourrait déclencher une cascade de maladies, dont des lésions cancéreuses. Malgré les avertissements répétés des professionnels de la santé, un nombre alarmant de femmes continuent à utiliser ce produit, à le commercialiser et même à en vanter les prétendus bienfaits.
Le tabac vaginal, un cocktail destructeur
L’Illusion d’un vagin plus rétréci
Un objectif qui ne serait cependant qu’une illusion, de l’avis des chercheurs, médecins et autres experts qui travaillent sur l’appareil génital de la femme et qui reçoivent des patientes s’adonnant à cette pratique. En ce qui concerne les vertus thérapeutiques prêtées au « tabac vaginal », Omar Ba, Responsable du Programme de lutte contre le tabac au Sénégal est formel : « Il n’en existe aucune. » Il indique que cette forme d’utilisation du tabac n’a qu’un « effet placébo » sur les utilisatrices.
Abdoulaye Diop, gynécologue-obstétricien à Dakar, va plus loin en disant que si l’usage de ce produit est autant répandu, c’est parce qu’il donne une sensation de rétrécissement de l’organe génital, en raison de la rétraction réflexe des muscles du vagin au contact de ses composants chimiques. « Or cette sensation est passagère et trompeuse, parce que la muqueuse vaginale qui est agressée finira par développer des modifications qui sont la porte d’entrée du cancer », précise-t-il.
Au demeurant, quels que soient les profils et les motifs avancés, la plupart des femmes qui ont utilisé le produit disent avoir ressenti des sensations de brûlure suivies de violents vertiges, de vomissements, d’étourdissements et parfois d’une perte de connaissance. La majorité de ces patientes se font consulter pour des cas d’inflammation du col de l’utérus, du vagin ou d’infections sexuellement transmissibles à répétition.
Lésions vaginales
Pour sa part, Aminata Seck, sage-femme en service au poste de santé de Sédhiou, raconte avoir pris en charge des cas de complication lors de l’accouchement dus à cette utilisation du tabac. Ces femmes présentaient une augmentation trop importante du rythme des contractions utérines qui parfois provoquaient une diminution de l’oxygénation chez le fœtus, entraînant un mort-né ou, dans d’autres cas, un décès néonatal. Ces constats se rapprochent du reste des conclusions d’une étude relative à l’impact du tabac sur l’appareil génital de femmes fumeuses, publiée en janvier 2018 dans la revue anglaise Scientific Report.
Risque élevé d’infections
Le tabac modifie la flore vaginale et que ces modifications exposent les femmes fumeuses à un risque élevé d’infections vaginales. Ces risques sont plus élevés chez les femmes qui mettent directement le tabac au contact de leur muqueuse vaginale et cervicale.
Malgré les supposés bienfaits avancés, les preuves scientifiques sont catégoriques : cette méthode n’apporte aucun avantage thérapeutique réel et expose les utilisatrices à des dangers graves, y compris le risque de développer des cancers. Il est donc crucial de dissuader toutes les femmes tentées par cette pratique en les informant sur ses risques réels et en les encourageant à explorer des alternatives plus sûres et efficaces pour leur bien-être physique et émotionnel.
Par Zouleyka Cherif