Quand l’apologie du viol s’invite sur un plateau de télévision

Quand l’apologie du viol s’invite sur un plateau de télévision

Il est 20 heures ce lundi 30 Août 2021 quand les spectateurs assistent impuissant à la simulation d’un viol sur la chaîne de télé Nouvelle Chaîne Ivoirienne (NCI). La télé d’ici Vacances, une émission animée par le célèbre animateur Yves de M’bella s’est transformé en un film d’horreur.  Pour rappel, ledit animateur a invité à son émission un violeur récidiviste. Pendant son interview, l’animateur pose des questions indécentes à son invité.

– « Quel est le nombre de vos victimes ?»

« Je ne sais pas. Mais il y a eu beaucoup » s’empresse de répondre ledit violeur

Et l’animateur de reprendre :- « Est que certaines de vos victimes ont joui pendant leur agression ?».

« Oui Beaucoup, la majorité. ».

Après ces macabres échanges s’ensuit une simulation de viol sur mannequin. Ce fut l’acte de trop.

Alors une vague d’indignation s’est soulevé sur la toile ivoirienne. De nombreux activistes sont montés au créneau pour crier leur indignation face à cet acte odieux.

La Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) applique une sanction à l’encontre de l’animateur : 30 jours de suspension de toutes les antennes de télévisions et de radios. Le 1er Septembre, la ligue des droits de la femme et le collectif des activistes ont organisé un sit-in devant le siège de la chaîne NCI.

Sit-in de la ligue des droits de la femme et du collectif des activistes

La justice ivoirienne est saisie.  L’animateur est condamné à 12 mois de prison avec sursis avec une amende de 2 Millions et une interdiction de quitter la ville d’Abidjan. Quant à l’invité qui s’est avéré être un acteur, il écope d’une peine de prison ferme de 24 mois et une amende de 300.000 francs.

Le viol est un sujet sérieux. Et c’est déplorable qu’un tel sujet qui détruit des vies soit traité avec autant de légèreté sur un plateau de télé. Au regard de l’influence qu’un média peut avoir sur la société, il est plus que jamais nécessaire que leurs acteurs des médias fassent attention aux messages qu’ils diffusent. Le viol est un crime. Et il est condamné comme tel en Côte d’Ivoire par les articles 403 et 404 du nouveau code pénal ivoirien.

Selon ONU Femmes, une femme sur trois subit le viol. Et 15 millions d’adolescentes dans le monde ont déjà eu des rapports sexuels forcés. Pour l’année 2018, la Côte d’Ivoire a enregistré 644 cas de viol, selon UNFPA – Côte d’Ivoire. Sur les 644 cas, nous dénombrons :

  • 17 cas sur des bébés de sexe féminin de 0 à 4 ans
  • 55 cas sur des fillettes de 5 à 9 ans
  • 196 cas sur des filles de 10 à 14 ans
  • 181 cas sur des adolescentes de 15 ans et de moins de 18 ans.

En 2020, il y a eu 610 cas de viols en Côte d’Ivoire.

Ces chiffres sont alarmants et témoignent de l’atrocité qu’est le viol. Le viol est un acte ignoble et marque à vie les victimes. Il ne pourrait en aucune mesure être l’objet d’une émission de divertissement.

Société