Temps de carême et mois de Ramadan : Dans l’intimité des femmes musulmanes et chrétiennes en Côte d’Ivoire.

Temps de carême et mois de Ramadan : Dans l’intimité des femmes musulmanes et chrétiennes en Côte d’Ivoire.

Le temps de jeûne est une pratique spirituelle observée par de nombreux croyants à travers le monde, qu’ils soient musulmans ou chrétiens. Ce temps de pénitence revêt une signification profonde dans leurs traditions religieuses respectives, marquant une période de purification, de réflexion et de renforcement de la foi. Il prend tantôt la dénomination de Carême chez les Chrétiens, tantôt celle de jeûne de Ramadan chez les Musulmans.

En Côte d’Ivoire, cette période de privation est un phénomène unique où les femmes musulmanes observent le Ramadan et les femmes chrétiennes participent au Carême simultanément. Ce parallèle soulève des défis uniques et offre une opportunité fascinante d’explorer les expériences intimes de ces femmes dans un contexte multireligieux. Dans cet article, plongeons dans le monde intérieur des femmes musulmanes et chrétiennes en Côte d’Ivoire pendant cette période de jeûne concomitant.

Pendant le Ramadan et le Carême, les femmes musulmanes et chrétiennes partagent un engagement commun envers la spiritualité et la discipline, malgré les différences doctrinales notoires. Ainsi, dans cette diversité religieuse, les femmes musulmanes et chrétiennes partagent des défis communs de différents ordres se s’articulent principalement autours des contraintes tant sociales et familiales que socio-économiques.

LES CONTRAINTES SOCIALES ET FAMILIALES

Les femmes musulmanes et chrétiennes font face à défis similaires tels que concilier les responsabilités familiales et professionnelles tout en observant le Jeûne. Partant de ce fait, Madame Diomande Ella, Entrepreneur, par ailleurs femme musulmane et mère de famille nous a fait la confidence suivante : ” Pendant le mois de Ramadan, le temps devient une denrée rare surtout pour nous femmes musulmanes qui avons une activité génératrice de revenue. Cette période nous épuise le corps à cause du manque de repos. Il y’a la cuisine à faire pour le Souhour (repas de l’aube) très tôt (avant 4h du matin), ensuite l’Iftar avant 18h. La famille est nombreuse et il faut faire toujours différents plats, c’est épuisant. Ces efforts s’ajoutent à ceux qui doivent être déployés pour respecter mon programme des obligations professionnelles quotidiennes. Je suis heureuse de recevoir les mérites de ce temps de pénitence mais c’est fatiguant“.

Le caractère obligatoire du jeûne et son corolaire l’obligation de rattrapage des jours manqués n’est pas sans constitué un encombre pour les femmes. Madame Kante Aminata, en période menstruelle et femme au foyer n’a pas manqué d’exprimer son ressenti à ce sujet: Quand je pense que je vais devoir rattraper ces jours que j’aurai mes règles, wallaye que c’est dur. Mais c’est la religion qui demande ça, on doit la respecter“.

LES CONTRAINTES SOCIO-ECONOMIQUES

Dans un contexte où le prix des denrées alimentaires connait une hausse considérable, où le chômage est une réalité, cette période de jeûne accentue les défis liés à l’accès à la nourriture et aux ressources financières pour les femmes musulmanes et chrétiennes ainsi que leurs enfants.

Madame N’goran Peggy, femme chrétienne et mère de famille, s’est exprimé en ces termes : “On sait tous que le temps de Carême est un temps où on dépense beaucoup pour avoir une alimentation de qualité et variée. Mais tout est cher sur le marché, on ne sait pas quoi acheter avec le peu qu’on a en notre possession. La semaine dernière même le prix du sac de riz a encore augmenté. Est ce qu’on va s’en sortir ? A l’église aussi on nous demande de donner notre effort de Carême à travers des quêtes alors qu’on n’arrive pas à garder un quelconque montant. Que Dieu nous aide”.

Toutefois, les partages de repas et les initiatives caritatives communes permettent de renforcer la solidarité interreligieuse.

Cette période de privation simultanée dans les communautés chrétiennes et musulmanes en Côte d’Ivoire est bien plus qu’une coïncidence temporelle. C’est une opportunité de célébrer la diversité religieuse, de renforcer les liens communautaires et de reconnaitre la force et la résilience des femmes face aux défis de la vie quotidienne. Dans ce contexte multireligieux, le jeûne devient un symbole puissant d’unité, de solidarité et d’espoir pour un avenir meilleur.

Par Danielle Ebrotie

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