En Côte d’Ivoire, l’inégalité homme femme est très présente. Selon l’indice de l’égalité des genres établie par les Nations Unies (ONU), la Côte d’Ivoire occupe la 171ème place sur 188 pays . Selon la Banque Africaine de Développement (BAD), notre pays est classée 43ème sur 52 pays africains. La Côte d’Ivoire reste l’un des pays au monde où les inégalités entre les hommes et les femmes sont les plus flagrantes.
Par ailleurs, le monde est à l’ère des Nouvelles Technologies de la Communication et de l’Information (NTIC). Et La Côte d’Ivoire n’est pas en marge de cette avancée. Selon le rapport de la coalition mondiale ” Alliance For Affordable Internet”, publié en 2017, la Côte d’Ivoire fait partie des 10 pays africains qui affichent un niveau d’accessibilité à Internet supérieur ou intermédiaire. En dépit des problèmes d’inégalité du genre que rencontrent notre pays, les femmes ivoiriennes s’affirment dans le domaine des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication et essaient de se frayer un chemin.
Pourquoi ce boom du leadership féminin ivoirien dans le milieu des TICs? Et quels sont les problèmes auxquels les femmes sont confrontées dans le domaine des TICs ?
Dans les lignes qui suivront, je ferai une analyse de la situation dans le but de répondre à ces questions.
Les femmes ivoiriennes se distinguent dans le milieu des Nouvelles Technologies de l’information et de la Communication .
Contrairement aux autres secteurs d’activités, les femmes sont très présentes dans les NTICs On peut les classer en deux principales catégories. Il y a d’une part celles qui se focalisent uniquement sur la production de contenu en ligneet d’autre part celles qui évoluent dans la technologie
Crédit photo: Association des Blogueurs de Côte d’Ivoire De droite à gauche: Ahou l’Africaine, Senora, Rita Pascale Kwaminan.
Il s’agit ici des blogueuses et des rédactrices de contenu de site web (web content writer). Par essence, un blogueur ou une blogueuse est une personne qui a un blog et qui partage sa passion avec les autres à travers des écrits ou des vidéos. Quant au web content writer, c’est une personne qui est spécialisée dans la fourniture de contenu pertinent pour des sites web.
Dans la blogosphère ivoirienne, les femmes ont pris leur revanche. Près de 6O% des membres de l’Association des Blogueurs de Côte d’Ivoire ont des femmes. Selon une liste non exhaustive faite par la blogueuse Marina DELY, les blogueuses ivoiriennes répertoriées sont près d’une centaine. Elles sont actives dans les domaines de la mode, la cuisine, la beauté mais également dans entrepreneuriat, la technologie, la politique, les questions liées aux genres et aux droits de la femme.
Tout porte à croire qu’en Côte d’Ivoire, il y a plus de blogueuses que de blogueurs. Ce grand intérêt pour le blogging s’explique par le fait que les femmes ivoiriennes ont saisi l’opportunité que leur offrait le web pour s’affirmer. Et elles s’affirment mieux que les hommes. Cet essor des femmes dans le blogging ivoirien est lié d’une part, au succès des pionnières comme EDITH BROU et YEHNI Djidji, et d’autre part aux actions de la société civile ivoirienne qui s’est engagée, depuis une décennie dans la promotion des TIC chez la gent féminine (AMAZOON DU WEB, FEMMES ET TICS, le programme SHE IS THE CODE de l’ONG AKENDEWA).
Loin d’être satisfaites, les femmes se sont également investies dans la technologie.
Crédit pphoto: Pass santé Mousso
Il est question ici des codeuses, des développeuses d’application, des experts SEO.
Ici encore, les femmes ivoiriennes font parler d’elle. Elles ont brisé le mythe qui laissait croire que c’étaient des métiers réservés aux hommes.
RAÏSSA BANHORO a développé une application destinée à l’alphabétisation (LUCIE). Il y a également, CORINE OUATTARA, inventrice du PASS SANTE MOUSSO, un carnet médical en ligne ; NADEGE DANDOU avec son application OGI (Zéro Grossesse Indésirée) et NABOUNOU DIABI pour la conception d’une application en faveur des commerçantes eMOUSSO, pour ne citer que celles là.
Au regard de ce qui précède, il est clair que la femme ivoirienne est en bonne posture dans le domaine des TICs.
A l’image de toutes les femmes professionnelles ivoiriennes, elles font face à des problèmes de Violences Basées sur le Genre et des difficultés à accéder au financement.
Les femmes qui travaillent dans le milieu des TICs rencontrent les mêmes problèmes que toutes les femmes en général. A cela, il faut ajouter l’accès au financement. Bien que nous soyons dans le monde virtuel, les problèmes sont identiques aux problèmes auxquels sont confrontées les femmes en général.
Il s’agit de:
- L’harcèlement sexuel et moral
- Des propos sexistes
- Des injures
- Des intimidations
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Outre l’exposition aux Violences Basées sur le Genre, elles sont confrontées au problème d’accès au financement. En ce qui concerne, le blogging, la plupart des bloggeuses y sont venues par passion. La production de contenus Web (vidéos ou texte) et le développement d’applications nécessitent des moyens financiers. Les femmes dans les TICs ont des projets innovateurs. Dans la mise en œuvre de leurs projets, elles se retrouvent limiter par les moyens financiers. Malheureusement, elles se heurtent à la dure roche du financement. Cette situation les contraint à abandonner leur ambition.
Au niveau de la formation en TICs, des initiatives ont été prises et plusieurs femmes ont pu bénéficier de formation. Dans un monde qui est à la recherche de la perfection, la passion seule ne suffit pas, d’où la nécessité de se former. Il faut rendre davantage les formations accessibles et disponibles pour les femmes . Il en va de même pour la formation en coding et en développement d’application. Nombreuses sont les femmes qui sont intéressées par une éventuelle reconversion, mais elles se retrouvent freiner dans leur élan par le coût de la formation. Si les femmes veulent être compétitives, elles doivent avoir une formation de qualité.
En sommes, dans un pays où le problème de l’égalité de genre est profond, les femmes ont pu relever le défi et se positionner comme des leaders dans les TICs. Par leurs actions sur le web ivoirien, elles impactent positivement la société. Bien vrai qu’aujourd’hui, les femmes sont très actives dans ce milieu, mais nous estimons que nous ne devons pas dormir sur nos lauriers. Nous devons continuer à promouvoir les TICs chez la gent féminine. Car les TICs constituent un atout dans l’autonomisation de la femme et le web, le cadre par excellence de l’affirmation du leadership féminin et du féminisme.
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Par Rita Pascale Kwaminan